Vivre assiégé, à l'Est de Damas

Entre 350 000 et 380 000 hommes, femmes et enfants vivent dans la Ghouta-Est, une banlieue populaire de Damas, et sont assiégés par le régime depuis 2013. En 2016, Assad avec ses alliés ont repris toute la campagne agricole qui était reliée à la Ghouta-Est, privant ainsi la zone assiégée de sa principale ressource alimentaire et obligeant nombre de familles d'agriculteurs à se réfugier dans la Ghouta-Est, et à perdre leur travail. En mai 2017, Barzeh et Qaboun, qui étaient reliés à la Ghouta-Est par des tunnels, ont également été repris. Depuis, l'entrée dans la Ghouta se fait au niveau d'un seul check-point, contrôlé par le régime, et la taxe sur les transferts d'argent dans la Ghouta a atteint 25% pendant deux mois (obligeant associations et habitants à vivre sur leurs réserves); en juin elle était de 9% (contre 2% début 2016). A cela s'ajoutent des prix plus élevés dans la Ghouta, et l'impossibilité fréquente de trouver de la nourriture, du fioul, des médicaments... car le régime ouvre rarement le check-point (il peut le fermer un mois, puis l'ouvrir un jour, rendant les situations très imprévisibles).

Malgré le siège et les bombardements, un Conseil local fonctionne depuis 2013 dans chaque ville et village de la Ghouta,  jouant un rôle analogue à une mairie : distribution de l'eau, registre d'état civil, de ventes de biens... Ses services dépendent de l'intensité du siège et des bombardements. Par exemple, l'eau provient de puits mais elle ne peut être puisée par pompe à moteur que si du fioul est disponible et à prix accessible. Ces Conseils sont financés par les activistes et sont constitués de membres élus (diplomés et non diplômés). La cinquantaine de Conseils locaux est regroupée dans une Administration des Conseils Locaux qui aide à leur coordination. Dans les grands Conseils locaux, on trouve des bureaux des femmes qui s'occupent de la mise en place de projets des militantes (comme apprendre un métier, connaître ses droits...). En outre, des associations interviennent dans le domaine éducatif, psycho-social, médical, la formation professionnelle des femmes, la distribution de nourriture. Leur financement et fonctionnement sont instables, ils dépendent d'ONG et de l'intensité du siège.